5 ans après, l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon toujours non élucidé

Le 2 novembre 2013 Ghislaine Dupont, journaliste à RFI, et Claude Verlon, technicien de reportage, étaient tués au Mali dans la région de Kidal. Un assassinat aussitôt revendiqué par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Depuis 5 ans, l’enquête avance… très lentement.

5 ans d’attente et d’incertitude pour les proches des victimes. 

De l’identité des ravisseurs jusqu’à leurs motivations, rien n’est clair dans cette affaire. Ce flou, c’est ce qui pèse le plus pour les proches des victimes, familles, collègues et amis. Christophe Boisbouvier rédacteur en chef à RFI et membre de l’association des amis de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon ne peut que constater cet état de fait: « ce qui est dur pour les deux familles et pour nous les proches c’est cette ambiguité, cette équivoque. D’abord on ne sait pas dans quelles circonstances ils sont morts et ensuite on ne sait pas exactement quels sont les mobiles des assassins… On ne sait pas quelles sont les hypothèses les plus probables… On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé »

ce qui est dur pour les deux familles et pour nous les proches c’est cette ambiguïté, cette équivoque… On ne sait pas quelles sont les hypothèses les plus probables… On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé

Circonstances et mobiles inconnus

Les ravisseurs ont-ils enlevé pour tuer? Pour une rançon? Plusieurs pistes sont envisagées. La libération des otages d’Arlit, salariés d’Areva enlevés au Niger et libérés 4 jours seulement avant l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verdon, comprenait peut-être la restitution de prisonniers djihadistes. Une partie du contrat qui n’aurait pas été respectée laisse envisager un motif de vengeance. 

Ensuite l’argent : est-ce le paiement partiel de la rançon par l’état français ou son partage inégal entre les ravisseurs qui pourrait être un motif de frustration pour certains ravisseurs? Ces derniers auraient alors compensé en enlevant les deux salariés de RFI. 

Sur les circonstances, de nouveau plusieurs pistes : il semble avéré que le véhicule des ravisseurs soit tombé en panne. Une défaillance technique qui aurait pu provoquer la panique des preneurs d’otages et l’exécution de Ghislaine Dupont et Claude Verlon devenus trop encombrants. Autre information non vérifiée : le passage sur la zone d’un (peut-être plusieurs) hélicoptères. Un survol qui, là aussi, aurait effrayé les ravisseurs et précipiter l’assassinat des deux Français.

Que sont devenus les ravisseurs?

Là encore la prudence s’impose. Sur les six suspects, trois seraient décédés. Les survivants se situeraient dans cette vaste région située entre le Nord-Mali et le sud de l’Algérie. Une zone qui échappe en majeure partie à toute autorité étatique.

De nombreuses zones d’ombre

Sur les antennes de RFI et de France 24, il y a un an Emmanuel Macron assurait que l’engagement de la France était total pour retrouver les assassins.  Malgré ses déclarations d’intention solennelles, aucun élément nouveau décisif n’est apparu depuis un an. 

La laborieuse déclassification d’éléments potentiellement décisifs dans l’avancée de l’enquête ajoute à la difficulté d’obtenir des informations sur le drame. Les services de renseignement ne déclassifiant que 40% des documents demandés. Et dans ces 40% désormais accessibles, 60% sont caviardés. 

L’enquête reprise en main depuis 2015 par le juge Jean-Marc Herbaut pourrait néanmoins connaître des avancées prochaines après le déplacement du magistrat en février dernier à Bamako. Sur place le juge a pu rencontrer et entendre des témoins, consulter les fadettes des téléphones relevés sur le site de l’assassinat des deux Français et tenter d’identifier les ravisseurs.

Il doit recevoir les parties civiles le 8 novembre pour les informer de l’avancée de ses recherches. 

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